Persécution

 

Cette aquarelle est sans nul doute le point départ de l’interrogation générale à laquelle vous soumet l’exposition. Elle en évoque peut-être aussi la fin.

On trouve sur cette aquarelle l’évocation de plusieurs alphabets dont l’alphabet hébreu.

Les lettres de l’alphabet permettent la mise en forme du discours, du verbe, de la pensée. Les écrits permettent de comprendre les idéologies sous-tendues, d’expliquer, de détailler les grandes visions mortifères.

L’écriture n’est pas neutre. C’est elle qui permet de passer de la conceptualisation à la réalisation. Dans la trace écrite, un discours s’avance non masqué. Le discours nazi est dans les taches de sang qui viennent maculer la culture, l’intelligence des peuples dans un délire obsessionnel et meurtrier. L’évanescence de la couleur vers la terre met en évidence que le discours ne tombe pas du ciel tout à coup. Il y a une lente maturation qui arrive à ce résultat là. Cette maturation s’appuie sur une sorte de darwinisme social.

Rien n’arrive par hasard. Flatter ce qu’il y a de plus vil chez les hommes est la chose la plus sûre et la plus facile à réaliser. Il n’est pas nécessaire de chercher des boucs émissaires, il suffit d’organiser toute une pensée pour être sûr de les trouver.

Les mots expliquent tout et dans le même temps ne donnent aucune explication véritablement rationnelle. Ils ont une potentialité qui peut devenir une puissance dévastatrice.

 

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